LES ESSENTIELS DE LA DAME A LA LICORNE

FENETRES SPRITUELLES

LES CINQ SENS

 

Les cinq sens sont des moyens de découvrir tout ce qui nous entoure et de “goûter” le monde à notre manière. Grâce à eux, nous pouvons contempler les lumières et les couleurs du ciel du matin, sentir les odeurs de la forêt et des fleurs, écouter les chants des oiseaux et de la nature, goûter les fraises à l’arrivée du printemps, modeler et travailler la terre, ou tout simplement témoigner à nos proches notre tendresse par des gestes d’affection sincère. 

Ils sont les clés de toutes nos expériences, des plus merveilleuses comme les plus douloureuses. Ils permettent d’appréhender et d’expérimenter l’environnement dans lequel nous vivons. Ils sont également les instruments de notre intelligence et de l’étude des lois physiques de la nature. 

Néanmoins, il faut avouer que nous avons rarement appris (ou gardé) cette conscience claire et approfondie des sens dans notre vie quotidienne. Au fur et à mesure de notre existence, nous glissons le plus souvent dans une banalité journalière où tout nous semble “normal”, acquis ou fade. L’exceptionnel des couleurs, des odeurs, des rencontres, des touchers, des événements laisse souvent place à une vie ordinaire répétitive, lissée, parfois ennuyeuse où la lassitude peut facilement s’installer. 

Léonard de Vinci écrivait en son temps dans ses carnets :

L’être humain “regarde sans voir, écoute sans entendre, touche sans ressentir, mange sans goûter, se déplace sans conscience de son corps, respire sans conscience des odeurs ou des parfums, et parle sans réfléchir”. 

C’est ici que La Dame à la Licorne peut devenir une clé passionnante. Elle explore les cinq sens à travers une générosité flamboyante. Elle invite à leur épanouissement et leur maîtrise, à différentes étapes, sous différentes formes, et jusqu’à leur transcendance totalement basculée qui permettrait l’expérience directe de l’Âme ; Mais nous y reviendrons. 

La tenture porte aux cinq sens une attention toute particulière car nous pouvons observer qu’il existe une tapisserie dédiée à chacun. En y regardant de plus près, il apparaît que les cinq premières scènes sont consacrées en entier au sens qu’elle illustre, tous les acteurs étant immergés dans cette activité sensible exigeante. 

L’ordre des sens : 

Il y a plusieurs interprétations concernant l’ordre à suivre pour aborder le travail sur les cinq sens. L’ordre médiéval suit la trame suivante, du plus grossier au plus subtil : le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue. Pierre Lassalle propose un ordre de travail différent qui commence par le goût, puis l’odorat, l’ouïe, la vue, pour finir par le toucher qui est ici plutôt considéré comme l’expérience du toucher spirituel.

Prenons par exemple la tapisserie du Goût. Dans ce théâtre, la Dame est en train de nourrir une perruche d’un vert éclatant, tandis que le lion se lèche les babines et aimerait bien gouter des perles qui sont offertes au volatil (ou bien déguster le volatil lui-même !). Le petit chien blanc aux pieds de la Dame semble lui aussi attendre sa mangeaille, tandis que le singe déguste une baie délicieuse de son côté. Les dragés sont contenus dans une coupe dorée, portée par la servante, signe que le goût est ici fortifié et magnifié par les efforts de présence d’esprit de la Dame dans ce domaine. 

La Dame à la Licorne – Tapisserie du Goût (détail)

Elle même pourtant choisit de jeûner et semble se sacrifier en préférant nourrir l’oiseau (et surement le chien blanc) avec une grâce toute particulière. Cette grâce dans sa gestuelle pourrait être vue comme le signe de sa conscience dans l’acte de manger, de goûter une nourriture spirituelle afin d’élever son âme, et non ses pulsions ou toute autre faiblesse émotionnelle.

Cette conscience se retrouverai également dans le choix de ses aliments et dans une certaine maîtrise de la nourriture en général. Ce jeune mystique montrerai enfin ses efforts de maîtrise d’elle même pour passer au delà du goût extérieur vers un sens du goût plus spirituel qui aille dans le sens de d’abreuver sa nature intérieure. 

Mais si nous revenons aux mots de Léonards, la toute première étape de la maîtrise des sens serait sans doute d’en retrouver la conscience afin de sculpter une magnifique sensibilité, fondation d’une excellence de regard sur le monde, sur l’existence et dans nos relations avec les autres. 

Éduquer notre capacité de sensibilité sur le monde serait probablement une première étape afin d’enrichir notre être, et d’en partager les parfums avec les autres. 

Pistes d’explorations
  • Demandez-vous : Quel sens est le plus dominant/important chez moi ? Quel sens est le moins important/m’affecte le moins ? Pourquoi ? 
  • Au cours d’une journée, essayez de garder conscience d’un sens en particulier et observez ce que cela vous fait vivre. 
  • Comment pouvez-vous enrichir de manière qualitative votre manière d’appréhender un (des) sens dans votre vie ?
  • Comment pourriez-vous partager avec les autres cette richesse sensible que vous êtes en train de (re)découvrir ? 
Pour aller plus loin

Si vous souhaitez aller plus loin suite à cet article : 

Le livre “Rythme et destiné” de Pierre Lassalle, mode d’emploi des différentes périodes de la vie humaine et de leurs particularités. La sensibilité y est spécifiquement expliquée, à quel âge et comment la développer. 

Le Livre “La Saveur du monde” de David Le Breton, qui explore les cinq sens. 

Les Émissions de France Culture sur les 5 sens

Article de Science et Vie sur les 5 sens